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Mouche

by Mouche

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1.
2.
Les carcasses métalliques Sorties du marasme étatique Sont pleines de sarcasmes mécaniques, Sens-tu leur karma de granit? La rouille, c'est leurs rides, La pluie mouille leur rires Qui résonnent, cyniques, Et les hommes s'irritent De voir ces monstres industriels Dans ce grand monde artificiel. Le ciel se cache Et quand le soleil se couche, Les lampadaires absorbent Tous les rayons de l'astre, Une lumière absurde Inonde les carcasses Qui jacassent en silence. Je m'balade en freelance Avec des bombes dans l'sac, qui explosent aussi sec Sur le gris des façades. Seul avec la ville, Saoul, sale et ravi, J'm'embarque sur le navire : Une barque abandonnée Qui chavire mais y'a pire, L'horizon goudronné Me pénètre et m'aspire, M'exaspère et m'attire Sur cet espèce de Styx, Je consume mon stick Dans cette épaisse nuit, Je ne suis qu'un moustique... Sanctuaire de ferraille, Te sens-tu fière, vieille muraille Avec tes tags délavés? Le visage des pavés Croupit sous le béton Posé par l'ouvrier Que l'on a oublié Comme une mine de charbon. Maintenant, les chardons Poussent entre les briques, Le temps détruit le bruit, Les machines trônent Comme des arbres sans fruit. Mes pensées s'enfuient Et se collent sur les murs. Ephémères et morbides, Elles deviennent solides, Se figent sur l'édifice, Cette effigie du vice Et du vide qui sévit A présent dans ces villes Aussitôt construites, Aussitôt détruites, Abattues comme des truies Par des gens très instruits : Les urbanophiles Architectes du rien Fabriquent pour notre bien Ces rues où on s'faufile Sans se voir, sans s'entendre, Par peur d'une sentence Qui planent constamment Sur nos têtes urbaines, Les lumières vulgaires Nous cachent le firmament. Quand tout se sera tu, Mais que restera-t-il? Que respireras-tu Dans ce monde versatile? Le souffle silencieux Des machines? Imagine, Du noir dans les cieux, Du béton dans les yeux... Si les extraterrestres Un jour découvrent ces restes, Prendront-ils les terriens Pour des êtres d'acier? Immobiles et glacées Machines décarcassées... Les carcasses métalliques Sorties du marasme étatique Sont pleines de sarcasmes mécaniques, Sens-tu leur karma de granit?
3.
Ca grouille 02:24
Ca grouille quand tu grailles, Sous ta couette quand tu bâilles, Quand t'en vois un, tu brailles, Ton regard se brouille, Tu restes à l'écart Tellement ça t'écoeure, C'est toujours tricard Quand ça sort en éclaireur, Sauvagement aplati Sans aucune empathie, Transformés en pâtée Par des pieds dégoûtés Qui épient sans répit La moindre saleté Sur un parquet poli Fraîchement acheté. Sèchement rejetés A cause d'une paire d'antennes, Mais ça ne durera pas Car ils sont des centaines Par maison, des milliards Par nation, ton plumard Abrite toute une famille, Les cheveux de ta gamine En sont recouverts, Des p'tits yeux t'examinent, Scrutent sans relâche Le moindre de tes gestes, Se glissent dans tes fesses, Se partageront tes restes, Seront là bien après La grande explosion terrestre. Ces étranges bestioles Ont bâti leur bastion, J'donne pas cher de ta peau S'ils te provoquent à la baston! Ils se faufilent partout, Font d'énormes partouzes Dans ton lit, dans les chiottes, Ils sont là, ils gigotent, Effraient les cocottes, Te foutent les chocottes, Transforment le plus Baraqué en chochotte! Trop différents, On n'a pas les mêmes parents, Leur aspect est effarant, Regarde leurs rangs! Ils sont bien trop nombreux, Leur p'tit corps est trompeur, Sous leur essaim, tu sombres, Traqué dans la pénombren Ils boufferont leur part, Planqués dans le placard Ou perchés au plafond, Cachés dans le siphon, Ils couleront sur toi Quand tu prendras ta douche, Ils passeront par ta bouche, Coloniseront tes babouches, Même si ton fusil A beaucoup de cartouches, Ces infectes insectes Dans ton sommeil injectent Leur venin qui affecte Toutes tes fonctions vitales, Une seule piqûre Te mène à l'hôpital! Ils n'ont pas peur de mourir, Même si tu vois leurs corps pourrir, Ils renaissent de leurs cendres Et cherchent à se nourrir! Petit, tu peux courir, Ils te rattraperont! Jusqu'au dernier, Ils nous traqueront! Ils boufferont le gâteau Des humains gâteux, Occuperont les châteaux Des primates vaniteux! Ils danseront sur nos crânes, Souilleront nos monuments, Absolument, Les p'tits seront les seuls survivants! Quand les ondes des satellites Résonneront dans le vide, Ils seront les derniers A se remplir le bide... Ca grouille!
4.
La mouche 04:08
Emmurée dans la merde, la mouche est amère, Maudit ce monde acerbe, s'demande à quoi ça sert, Les humains la lacèrent et sans cesse elle macère Dans un gros tas de boue, dans un infâme trou, Comment subsister? Les humains crament tout Et à leurs yeux ses soeurs n'ont pas un charme fou... La vie de mouche est mouche : tu chies, tu bouffes, t'es mort, Te nourris des couches de gosses, c'est pourri, c'est louche, c'est gore. La mouche se cache, elle a la frousse, la crasse, La croûte, le froid, ça la broute, je crois Qu'elle aimerait retrouver les bonnes bouses d'autrefois, Aujourd'hui, ces cons d'hommes te chient n'importe quoi, Les condoms, les tampons qu'elle consomme sont chimiques, Les vieilles tranches de jambon sont devenues rachitique, Elle pense au temps mythique du paléolithique Où les mouches étaient grosses, je te jure, c'est historique! Refrain : La mouche est triste, résiste à la barbarie Des poubelles de Paris, c'est pas le paradis. La mouche est triste et pleure, Se mouche dans les tripes et meurt. La mouche prie le dieu Bouse à genoux sur un vieux bout De roquefort au curieux goût qui lui fait les yeux doux, C'est son péché mignon, elle en bouffe en cachette Dans les poubelles des hommes car chez les mouches, rien n's'achète, On prend ce qu'on trouve, et si la porte s'ouvre, On entre en espérant que personne ne nous découvre, On fouille les décombres, on s'faufile dans les tombes, C'est pas d'première fraîcheur, la bouffe des catacombes, Faut voir sur quoi tu tombes, pire que le pire des fastfoods, A côté, la malbouffe te fait l'effet d'un quatre étoiles! La mouche rêve de belles tables mais son moral s'étiole, Elle qui voulait s'élever n'est qu'une immonde bestiole, Elle aimerait savourer un bon Chateaubriand Mais doit se contenter de vieux gâteaux luisant De gras périmé, voilà la vérité Et franchement, elle ne l'a pas mérité... Refrain La mouche est née mouche, elle crèvera mouche, Se lèvera mouche et se couchera mouche Sans espoir de sortir de sa condition, Avec ses condisciples dans le même horizon : Vieilles tranches de chorizo, squelettes de haricots, Elle rêve des banquets de Laurence Parisot... Les égouts parisiens seront sa sépulture, En attendant, elle songe à un meilleur futur Où les mouches seront libres, où il fera bon vivre, Quand les humains géants ne seront plus que poussière, Quand ils auront mangé leur merde nourricière, Les mouches se serviront à même la soupière! Elles voleront gaiement de cadavre en carcasse, Elle s'y voit déjà, ce s'ra beau, ce s'ra classe! La mouche sanglote sous la lune et s'endort En priant le dieu Bouse pour qu'un jour elle s'en sorte... Refrain
5.
Brûle 02:50
Je ricane, verse le jerricane, efficace, Mes fils cassent grâce au feu qui chauffe Mon corps bizarre, un corbillard passe Avec ma vie défunte et mes anciennes craintes. Bas les masques, finies les frusques et les frasques Qui me frustrent et qui font que je craque, Tête en vrac, tout éclate, je claque pour renaître, Pour voir à travers de nouvelles fenêtres. Je hurle et je brûle ma vie, ce brouillon, Cet infâme bouillon, existence de couillon Asservi, au cerveau modelé par les doigts potelés De monstres corpulents copulant avec l'opulence. L'ambulance est en panne, la mort en campagne Gagne du terrain chez tous les terriens, T'es rien qu'une particule, ta rage s'articule De plus en plus, tu vomis ton matricule. Refrain (X2) : Tu brûles Boutiques et véhicules, Pour te soigner, pas d'pillule. Brûle Les immondes tentacules De tous ceux qui fabulent. La douleur est anesthésiée grâce à ce grand brasier Devant lequel tu te surprends à t'extasier. Brûle les dossiers, ça y est, plus de casier, Brûle la cellule où ils voulaient te caser, Te casser, te brider, brisé en cent mille morceaux, Brûle, qu'ils ressentent le dernier sursaut Du vieux monde à l'agonie et de ses calomnies, Les flammes fabriquent une furieuse symphonie. Ensemble, réduisons en cendres Tous ces centres, ces chantres de l'enfermement : Hôpitaux psychiatriques, capitaux excentriques, Rétention, détention, attention, la tension Est à son comble, le vieux monde succombe Avec ses colons déguisés en colombes. Rien ne tempère la tempête qui t'entête, Même les ruines ont pris la poudre d'escampette. Refrain (X2) Maintenant, tes oripeaux et ta vieille peau d'avant Ne sont plus que du vent, regarde droit devant, T'as brûlé le divan, t'as brûlé les savants, Les couvents, les coussins et la soie des braves gens, T'as brûlé l'argent, les agents outrageants, Dirigeants, possédants, requins aux longues dents, T'as brûlé les sourires exagérément blancs, T'as brûlé lentement ceux qui faisaient semblant, Qui mentaient en bandant, tout en prêtant serment, Qui se croyaient charmants mais qui crient en cramant Dans les lueurs sauvages d'une terre en friche, D'une terre sans triche, sans tranches de chair Qu'on enferme dans de grosses boîtes en fer, T'as brûlé le paradis mais t'as aussi brûlé l'enfer. Le sol calciné mange les corps assassinés Des chefs exterminés, ça y est, c'est terminé. Refrain (X2)
6.
Repos 02:08
7.
Enfance 3015 05:28
Sortant d'un utérus bien trop étroit pour moi, Je sais que je suis là mais je ne sais pas pourquoi, J'entends des bruits étranges, des gens qui s'excitent, J'aurais préféré ne pas franchir la porte "exit"... J'existe. J'exige qu'on ne me tripote pas ainsi, Quelqu'un peut-il me dire pourquoi je suis ici? Evidemment, non, vous ne comprenez rien au son Que fait ma pauvre bouche de misérable nourrisson... Bordel de merde, putain, c'est qui, ces gens? J'suis minuscule et ces connards sont si grands! Qu'est-ce que j'peux faire à part brailler d'un air vénère? Qu'est-ce que j'peux faire à part passer mes nerfs En gueulant comme un taré, complètement désemparé, En gueulant sans arrêt, eux, ça les fait marrer! Je ne suis rien d'autre qu'une chose rose et attendrissante, Une bestiole rampante aux mimiques marrantes, Je vois se profiler tous les contours du monde, L'horizon de ma vie, les nouveautés abondent, J'apprends tous les jours et j'ai comme le sentiment Qu'y'en a encore pour un paquet de temps... J'trouve des trucs par terre, je les porte à ma langue, Les saveurs se mélangent, ces odeurs sont étranges, Sortant de la bouche des adultes, une odeur d'alcool, De cigarette, de gomme à mâcher mentholée, De chou, de chips et de café au lait, Après, tout s'accélère : maison, crèche et puis école. Là-bas, ils nous font jouer toute la journée Devant des écrans sans qu'on ait le droit de tourner La tête pour regarder vers le dehors, D'façon, y'a pas d'fenêtre, c'est pas génial comme décor... Du coup, ils recréent tout ce qu'on ne voit pas Et en guise de récré, on attend devant des écrans plats. Là-bas, on apprend à être des enfants, A dire "s'il te plaît papa" ou bien "merci maman", C'est bizarre parce qu'on voit jamais nos parents Sauf le week-end, un peu, de temps en temps, Ils ont trop de travail, ils ne peuvent pas se permettre De nous prendre en charge, c'est le travail des maîtres Electroniques au visage robotique Qui nous guident chaque jour avec leur discours hypnotique... On apprend à sourire et à bien se nourrir, A accepter de voir notre liberté mourir, A se laisser dompter doucement mais sûrement Par des employées payées pour être nos mamans... J'ai du mal à comprendre tout ce que je peux entendre, Je crois bien que ce monde ne cessera pas de me surprendre... Souvent, j'ai envie de courir dans les paysages Qu'on voit sur les écrans, de rentrer dans les images Mais chaque fois, je me heurte à un mur de plasma Et l'image se brouille et déforme ce que je vois, Tout apparaît froid et dénué de réalité, J'ai tant de pensées étranges et compliquées, Ma cervelle est parfois sur le point de disjoncter, Surtout quand on m'ordonne de m'appliquer A des travaux dont je ne saisis pas le sens, Multiplications, divisions, soustractions, additions... Tout ça n'est pour moi que souffrance, Comme cet écran qui m'éloigne de l'action... Les années défilent et je demeure immobile, J'atteins ma dixième année, je n'ai jamais vu la ville, Elle est, paraît-il, trop dangereuse, trop hostile, Quant à la campagne, il paraît qu'elle est trop fragile Pour qu'on puisse la fouler de nos pieds trop chimiques, On dit qu'elle est peuplée d'animaux rachitiques, Anciennes bêtes d'élevage redevenues sauvages Car désormais personne n'entretient plus leurs grillages... Tout ce que je sais du monde, je l'ai vu sur l'écran, Je dois encore patienter jusqu'à l'âge de douze ans, A ce moment, les maîtres me jugeront assez mature Pour pouvoir me laisser quelques instants dans la nature... Enfin, ce qu'il en reste car j'ai appris en cours d'Histoire Que ce que nos aïeux prenaient pour une victoire Sur leur environnement a causé tant de pertes Que même les mains les plus expertes de nos ancêtres N'ont pu freiner ce qu'on appelle le Cataclysme, Qui a tout de suite engendré guerres et fanatisme. Nos maîtres nous racontent que pendant cette période tragique, Les hommes politiques ont perdu tout crédit Et que pendant cent ans la vie fut anarchique, Très loin de notre "nouvelle société démocratique"... Je ne comprends pas tous ces mots, je me contente de les retenir Pour les recracher ensuite, c'est ce qui leur fait plaisir, Ainsi, ils me laissent tranquille voyager sur mon fauteuil, Je clique sur le monde, je regarde les feuilles, Les arbres, les montagnes filmés par satellite, Grâce à son oeil de lynx, je vois tout ce que le monde abrite De bêtes inconnues et de silhouettes qui s'agitent De temps en temps au coeur des zones interdites, De vieux sites toxiques construits pendant l'ancien régime, Une époque lointaine que sans cesse j'imagine... La laideur industrielle de cette ancienne existence Me fascine, me séduit, me donne envie d'en savoir plus, Je découvre des indices par intermittence, Evitant que les maîtres remarquent mes astuces... Car je me rends bien compte qu'ils ne me disent pas tout, J'ai remarqué malgré moi que certains mots sont tabous Alors je m'efforce de rester sage et bien gentil, Quand je commets une faute devant eux, je me repentis, Mimant tellement bien la ferveur que souvent ils oublient, C'est eux qui me l'ont appris : tu dois connaître ton ennemi.
8.
Mon circuit de synapses est inapte, minable, Interminable vie de boîte de conserve, Les concerts, les bons plats qu'on m'sert Ne m'font aucun effet, sur mon berceau les fées Etaient toutes d'horrifiques scientifiques, Je suis un prototype de la recherche robotique, Un pas de plus vers l'immortalité, Rêve mythique ancré dans les mentalités. Robot humanisé, humain mécanisé, Je ne suis pas complètement insensibilisé, Ni chaud ni froid mais plutôt tiède, Le cul entre l'artifice et le naturel, Je vis comme ça, il n'y a pas de remède, Chair et métal mêlés qui font que je m'emmêle Entre analyse et émotion, il n'y a pas de potion Pour tuer ou pour ressusciter la passion. Refrain : Humanité béate tendue vers le ciel, Onanisme perpétuel d'un monde sans veille Voué aux fantasmes les plus délurés, Pourtant, tous nos sens seront bientôt épurés... Grâce au progrès, même les machines procréent, Se tâtent, s'emboîtent et se chauffent à mille degrés, Parfois, l'amour dépasse même les clivages, Parfois, on dragouille de l'autre côté du rivage : Mon père était fanatique, féru d'informatique, Devant ma mère, le choc automatique. Cette ordinateuse aux formes aguicheuses Avait été programmée pour tomber ramoureuse De papa son créateur, Frankenstein après l'heure, Seuls les circuits lui procuraient du bonheur. Je suis le fruit pourri de ces amours numériques, Ma maman m'a nourri d'un lait plutôt toxique, Ce qui fait qu'aujourd'hui, j'ai de nombreux court-circuits, Je ne souris même pas quand les oiseaux font "cui cui", Quand j'ai trop chaud, c'est mon cerveau qui cuit, Mes yeux infrarouges n'ont jamais vu la nuit... Refrain : Humanité béate tendue vers le ciel, Onanisme perpétuel d'un monde sans veille Voué aux fantasmes les plus alambiqués, Nous ne cherchons même plus à nous lier... Dansons sur le beat des nanotechnologies, Du technico-capital, faisons l'apologie! Un cerveau humain dans un corps de métal, Nos nerfs trop fragiles ne nous feront plus mal! Robot des bois vole les organes des pauvres Pour les revendre aux riches, bientôt immortels, Leurs corps perfectionnés sommeillent dans un coffre, Attendant le réveil pour une vie plus belle... Refrain : Humanité béate tendue vers le ciel, Onanisme perpétuel d'un monde sans veille Voué aux fantasmes les plus délurés, Pourtant, tous nos sens seront bientôt épurés... Humanité béate tendue vers le ciel, Onanisme perpétuel d'un monde sans veille Voué aux fantasmes les plus alambiqués, Nous ne cherchons même plus à nous lier...
9.
L'irradié 05:54
Je vis dehors, loin des bulles protectrices, Ma gueule est recouverte d'énormes cicatrices Dues aux caprices d'une nature incomprise Piétinée, quasi-ratatinée Par les anciens qui se sont obstinés A vouloir la redessiner, quitte à la décimer... Je vois des silhouettes grassouillettes qui se meuvent Dans ces miroirs aux alouettes, qu'il vente, qu'il pleuve De l'acide sulfurique leur importe peu Car les intempéries rebondissent sur eux. Moi, je vois tout, je sens tout, j'entends tout, Tantôt le bruit du vent, tantôt mes quintes de toux Qui me rappellent que je n'ai plus droit de séjour Dans ces énormes bulles qui m'entourent. Je suis sauvage, comme on dit, Je n'ai pas accès à ces villes arrondies Où tout est propre comme les fesses rebondies D'un bébé qu'on aurait trop bien nourri. Je mange des cadavres d'animaux un peu pourris Et les quelques végétaux qui percent encore La surface décharnée, le sol presque mort De cette planète sur laquelle on s'est acharné. Je ne crois pas vous avoir dit que j'étais irradié, Vous deviez vous en douter, j'imagine, Je suis né dans une grosse machine : Une énorme couveuse à bébé. Mon père était une goutte de sperme radioactif Et ma mère un simple ovule artificiel Et moi, je vous le dis à titre informatif, J'étais destiné à vider les poubelles. J'étais homme-ordure, c'était ma caste officiel. C'est classe, non? Aujourd'hui je ne suis plus rien Et c'est tant mieux, ça vaut mieux que pas grand chose, Au moins, je suis libre, maître de mon destin Mais toujours esclave de la prochaine dose De médocs qui calmera ma douleur, Les radiations rongent tout mon intérieur, Sur mes pauvres poumons, la poussière se pose. Avant, quand je vivais en ville, C'était sain, c'était soft, c'était si soyeux Que toute révolte nous paraissait inutile, Que même triste, on se sentait joyeux, Endormis par la musique des centres commerciaux, Elevés aux écrans dès le berceau... Loin des bulles, c'est la vie qui déboule, C'est là que je déballe mes tripes, que l'temps s'écoule Au rythme de ce qui reste de saisons, Et ici, au moins, on voit bien l'horizon... De toute façon, je n'ai pas vraiment d'autre choix, Les irradiés sont les barbares d'autrefois, Interdits en ville, suppression d'état civil, Pas d'âme selon l'église, réputés indociles, Les irradiés sont radiés du statut d'humanité, Les irradiés sont châtiés pour l'éternité. En général, ici, on ne vit pas très vieux, Du coup, on ne prend pas la vit trop au sérieux, J'ai vingt ans, encore une dizaine à respirer Et ma date de péremption aura expiré. En attendant, je visite le monde et j'apprends Chaque jour un peu plus sur l'époque d'antan, J'observe les vestiges, ça me donne le vertige, Ils sont comme autrefois mais dépourvus de prestige, Guère plus civilisés que des totems d'adoration, Ils ont juste déifié l'argent et la nation. A l'extérieur des bulles, la thune n'existe pas, Le troc est revenu, on échange n'importe quoi, Sur le sol brillent toutes les choses d'autrefois, Il n'y a qu'à se baisser, rien qu'à tendre les bras. On trouve de tout ici, on se demande souvent A quoi servaient ces trucs dans le monde d'avant : Des carcasses métalliques qui émergent du sable, Des fils, des câbles, des liquides irrespirables, De l'acier, de l'argent, tout un tas de métaux, Des immenses restes de stations de métro, Dehors, c'est l'apocalypse mais y'a une chouette ambiance rétro, Seule consolation de ceux qui restent sur le carreau. Enfermés sans barreaux, on joue nos vies au tarot, Le garrot se resserre autour de nos gorges irritées, Abîmés par l'air impur comme nos esprits immoraux, La morale est un luxe dont nous n'avons pas hérité. J'ai des tonnes de bouquins dans mon vieux sac à dos, Pendant mes heures de répit, je décrypte leurs mots, En les associant au réel, je comprends pas mal de choses : Camps de concentration, génocide, kolkhozes Sont des mots de l'ancien temps mais conviennent parfaitement A ce que mes congénères et moi vivons concrètement. Je suis assis, immobile, sur une vieille automobile Avec du papier jauni et un vieux stylo bille, Je décris ce que je vois à quelques lieues de la ville, de ce gros globe qui brille dans la nature hostile. Mon ancien monde était semblable à celui-là, A des milliers de lieues mais ils sont tous pareils, En tout cas, je suis sûr que je n'y retournerai pas, Même s'ils sont meurtriers, j'aime les rayons du soleil.
10.
Tout s'est passé si vite, comme un feu d'artifice, Magnifique sacrifice, ça aurait plu aux fous du Christ, Il y avait tant de cris, de douleurs, de bruits, De couleurs, de vie, mais c'était symphonique, Une peinture chaotique aux teintes diaboliques, Sans être hyperbolique, ce fut une réussite, Le décor, la musique, le sang sur les tuniques, Une pièce ultime, unique malgré l'odeur putride. Ce fut mon dernier émoi, maintenant loin derrière moi, À présent, je traîne mes vieilles guêtres et je crois Que j'aurais préféré disparaître et je ploie Sous le poids de l'ennui, je vis autrefois. Il n'y a plus de présent, plus grand chose de plaisant, Rien que des spectres errants qui jamais ne plaisantent. Ma mémoire? Un cauchemar, Dans le tunnel du vide, j'entends l'écho qui se marre car... Refrain : Je suis le dernier des hommes A régner sur ce désordre, Ici, seule ma voix résonne Mais pour l'entendre, il n'y a plus personne... Plus rien ne m'effraie mais est-ce que tout ça est vrai? Est-ce que c'est fait exprès? Est-ce que c'est orchestré? Ces fantômes qui me causent parlent une langue inconnue, Sont-ils au service de cet être absolu Qu'on appelait Dieu? Je n'ai pas vu Jésus, Ni Moïse ni Mohamed ni même d'ange déchu... Je suis un peu déçu mais je sens comme un truc, Comme un fil invisible descendant du dessus. J'ai beau me concentrer, je n'arrive pas à remonter Jusqu'à ma vie de jadis, ma montre s'est arrêtée, Je n'sais plus qui j'étais ni comment je vivais, Rien qu'une fois, j'aimerais arriver à raviver La flamme d'une enfance naïve et Pleine de douceur mais tout part en poussière, Comment être tendre quand le sang coule des gouttières? Mon identité est floue comme une vieille pellicule, Toutes mes vérités s'écroulent, je n'ai plus de certitude car... Refrain Souvent, je me demande si je suis bien le dernier, Il faut avoir du cran pour ne pas se faire saigner, `C'est en s'entretuant que les hommes ont régné Sur la Terre si longtemps, trop contents de baigner Dans le sang de l'ennemi qu'on ne doit pas épargner Pour gagner la partie, pour être médaillé. Tuer pour grailler, c'est un besoin primaire, J'ai du sang sur les mains mais qu'est-ce que j'peux y faire? Et si c'était un jeu, juste une blague entre dieux? Entre deux cataclysmes, on s'amuse comme on peut... Je n'suis pas fataliste, peut-être que j'dramatise Mais des fois, c'est quand même fou, tout c'qu'on fait pour eux! L'apocalypse? Merde, laissez moi rire, Ces enfoirés s'amusent à me laisser moisir Mais y'a pas d'règles et j'n'ai même pas le loisir De choisir comment tout ça va finir car... Refrain
11.
Sur des vagues d'acide, ils voguent lentement, Croisant des naufragés qui désespérément Leur demandent de l'aide en faisant des grimaces Causées par la douleur qui leur ronge le corps, Sur leurs petits rochers, pareils à des limaces, Hurlant comme des fous, ils attendent l'accord Du chanceux équipage pour monter sur le pont, Certains n'en peuvent plus et tombent tout au fond De l'océan mortel, qui les consume entiers, Ces pauvres malheureux n'ont pas leur mot à dire, L'acide est sans merci, ne fait pas de quartiers, Si l'on regarde bien, on peut le voir sourire... Cela fait bien longtemps qu'ils voyagent ainsi, Depuis que l'océan a bouffé les pays Et s'est mêlé aux expériences des humains, A tout ce qui sortait des usines fumantes, A ces liquides fous fabriqués par leurs soins, L'acide se répandait jusque dans leurs fientes. "Messeigneurs, par pitié, j'ai encore mes deux bras, Une jambe et un pied, mon être servira Votre noble équipage! Et je ferai la plonge Tous les jours s'il le faut, je cirerai le pont! Tout pour oublier cet acide qui me ronge! Prenez-moi avec vous, promis, je serai bon!" Le capitaine rit regarde les marins Puis observe le vieux qui agite les mains, Qui supplie sans faiblir pendant que l'océan Ronge son pauvre pied, qui disparaît bientôt, Le capitaine, froid, reste sur son séant Et admire sa mort du haut de son bateau. Un petit peu plus loin, un autre homme s'écrie : "Ô toi, mon capitaine, aie pitié de ma vie Et viens me secourir de tes mains d'homme fier! Prends moi sur ton bateau, écoute ta pitié! Malgré ta tête froide et ton regard de fer, Je sens bien que ton coeur ne veut pas me châtier!" Le capitaine bâille et regarde les mouettes Dévorer goulument les yeux de cette bête Qui ose recourir aux viles flatteries Pour espérer survivre, il n'est même pas drôle, Le chef en a plus qu'assez de ces pitreries, Il continue sa route en haussant les épaules... Et puis soudainement, une vague géante Aspire le bateau de sa gueule béante, Le capitaine sent l'acide qui le bouffe, Il ne rit plus du tout, c'est mieux quand c'est les autres, Il les entend, ces autres survivants qui pouffent Pendant que le trépas sur notre homme se vautre. Tout l'équipage est mort, les hommes des rochers Le rejoindront bientôt, leurs tronches amochées Sont tristes mais pourtant savourent leur vengeance, L'humanité sera morte dans quelques heures... Pour oublier la fin, sur leurs rochers ils dansent, C'est leur dernière joie au milieu du malheur...
12.
13.
Créatures biscornues, vieilles fientes toxiques, Merdes informes aux crachats chimiques, Vomissures de chair, déchets de mixture Dont l'odeur n'a d'égal que la pourriture... Si tu me dis "j'en veux", je te réponds "j'en vends", Et pas des moindres, parole de commerçant! J'ai des crottes vivantes qui bavent et qui fermentent, Du coulis d'alcool, du dégueulis d'asticot! Tout ça est vivant et radioactivisé, C'est humanisé, ça pense et ça communique! Cette affaire est unique, il faut en profiter! Je vous offrirai des pièces de toute qualité! Messieurs-dames, pressez-vous pour acheter mes mutants, Authentiques spécimens de l'espèce humaine, Venez vous offrir les derniers restes vivants De cette planète lointaine qui a fait son temps! Refrain (X2) : Je vends des humains mutants Disgracieux et dégoûtants! Pour faire peur à vos enfants, Il n'y a rien de plus tentant, t'entends? Regardez moi donc cette pièce de collection : Un homme-voiture, une magnifique occasion! Quand il parle, il crache du pétrole, S'il vient à mourir, mettez le dans du formol! Je suis formel, ça n'est pas paranormal, Ces bestioles viennent du fin fond des étoiles, Cette enfant-Playstation est frais comme les rosée, j'en ai encore plein à vous proposer! Des hommes, des femmes qui pleurent de l'acide... Faites attention, parfois, ils se suicident, Trop honteux, hantés par leur état, Mais si vous veillez au grain, écoutez moi bien, Vous pourrez dompter ces beaux mutants humains! Ces irradiés sont radieux, ça n'vous intéresse pas? Réfléchissez, vous n'regretterez pas votre achat! Refrain (X2) Ils sont beaux, mes mutants humains Pour effrayer vos amis pendant l'apéritif, Tenus en laisse, ils se tiennent bien Mais attention, ils sont radioactifs! En cadeau, je vous offre une combinaison! Profitez-en, ils sont en promotion, Je suis même allé les rechercher moi-même, Ces vestiges de la civilisation humaine! Paraît qu'à l'époque ils étaient des milliards, C'est c'que dit la légende, vous la connaissez? Allez, madame, avant qu'il ne soit trop tard, Choisissez, mon stock est presque épuisé! Si vous désirez une petite livraison, Pas de problème, c'est offert par la maison! Vous pourriez donner une secondes chance A cette espèce proche de la démence... Refrain (X2)

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Voici le tout premier album de Mouche, groupe de free rap apocalyptico-futuriste-et caetera. Vous y découvrirez des histoires, des personnages et des décors auditifs des plus science-fictionnels à base de boucles analogico-numériques triturées dans tous les sens, de rap effréné, de beatbox gargantuesque z'et de mélopées électro-acoustiques endiablantes. Nous vous souhaitons une écoute agréable et pleine de rebondissements.

credits

released April 17, 2015

Mouche compose et interprète tous les morceaux.
Textes : Mwano (sauf refrain de "Nanotech Beat" : Pim)
Claviers/machines : Kiki Pharyngite
Platines/guitares : Dj Hope
Human beatbox : Mystraw
Mixé par le Capitaine Fred Flam
Masterisé par Renoizer
Visus by Pim - monnomcpim@gmail.com

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Mouche Lille, France

Le projet « Mouche » est né d'une envie de mettre en mots et en musique les errements de la société post-industrielle ainsi que les bouleversements récents de la vie humaine à travers les profondes mutations technologiques et philosophiques du monde moderne. ... more

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