1. |
Cerceau et destinée
01:15
|
|
||
2. |
Sarcasmes mécaniques
03:36
|
|
||
Les carcasses métalliques
Sorties du marasme étatique
Sont pleines de sarcasmes mécaniques,
Sens-tu leur karma de granit?
La rouille, c'est leurs rides,
La pluie mouille leur rires
Qui résonnent, cyniques,
Et les hommes s'irritent
De voir ces monstres industriels
Dans ce grand monde artificiel.
Le ciel se cache
Et quand le soleil se couche,
Les lampadaires absorbent
Tous les rayons de l'astre,
Une lumière absurde
Inonde les carcasses
Qui jacassent en silence.
Je m'balade en freelance
Avec des bombes dans l'sac,
qui explosent aussi sec
Sur le gris des façades.
Seul avec la ville,
Saoul, sale et ravi,
J'm'embarque sur le navire :
Une barque abandonnée
Qui chavire mais y'a pire,
L'horizon goudronné
Me pénètre et m'aspire,
M'exaspère et m'attire
Sur cet espèce de Styx,
Je consume mon stick
Dans cette épaisse nuit,
Je ne suis qu'un moustique...
Sanctuaire de ferraille,
Te sens-tu fière, vieille muraille
Avec tes tags délavés?
Le visage des pavés
Croupit sous le béton
Posé par l'ouvrier
Que l'on a oublié
Comme une mine de charbon.
Maintenant, les chardons
Poussent entre les briques,
Le temps détruit le bruit,
Les machines trônent
Comme des arbres sans fruit.
Mes pensées s'enfuient
Et se collent sur les murs.
Ephémères et morbides,
Elles deviennent solides,
Se figent sur l'édifice,
Cette effigie du vice
Et du vide qui sévit
A présent dans ces villes
Aussitôt construites,
Aussitôt détruites,
Abattues comme des truies
Par des gens très instruits :
Les urbanophiles
Architectes du rien
Fabriquent pour notre bien
Ces rues où on s'faufile
Sans se voir, sans s'entendre,
Par peur d'une sentence
Qui planent constamment
Sur nos têtes urbaines,
Les lumières vulgaires
Nous cachent le firmament.
Quand tout se sera tu,
Mais que restera-t-il?
Que respireras-tu
Dans ce monde versatile?
Le souffle silencieux
Des machines? Imagine,
Du noir dans les cieux,
Du béton dans les yeux...
Si les extraterrestres
Un jour découvrent ces restes,
Prendront-ils les terriens
Pour des êtres d'acier?
Immobiles et glacées
Machines décarcassées...
Les carcasses métalliques
Sorties du marasme étatique
Sont pleines de sarcasmes mécaniques,
Sens-tu leur karma de granit?
|
||||
3. |
Ca grouille
02:24
|
|
||
Ca grouille quand tu grailles,
Sous ta couette quand tu bâilles,
Quand t'en vois un, tu brailles,
Ton regard se brouille,
Tu restes à l'écart
Tellement ça t'écoeure,
C'est toujours tricard
Quand ça sort en éclaireur,
Sauvagement aplati
Sans aucune empathie,
Transformés en pâtée
Par des pieds dégoûtés
Qui épient sans répit
La moindre saleté
Sur un parquet poli
Fraîchement acheté.
Sèchement rejetés
A cause d'une paire d'antennes,
Mais ça ne durera pas
Car ils sont des centaines
Par maison, des milliards
Par nation, ton plumard
Abrite toute une famille,
Les cheveux de ta gamine
En sont recouverts,
Des p'tits yeux t'examinent,
Scrutent sans relâche
Le moindre de tes gestes,
Se glissent dans tes fesses,
Se partageront tes restes,
Seront là bien après
La grande explosion terrestre.
Ces étranges bestioles
Ont bâti leur bastion,
J'donne pas cher de ta peau
S'ils te provoquent à la baston!
Ils se faufilent partout,
Font d'énormes partouzes
Dans ton lit, dans les chiottes,
Ils sont là, ils gigotent,
Effraient les cocottes,
Te foutent les chocottes,
Transforment le plus
Baraqué en chochotte!
Trop différents,
On n'a pas les mêmes parents,
Leur aspect est effarant,
Regarde leurs rangs!
Ils sont bien trop nombreux,
Leur p'tit corps est trompeur,
Sous leur essaim, tu sombres,
Traqué dans la pénombren
Ils boufferont leur part,
Planqués dans le placard
Ou perchés au plafond,
Cachés dans le siphon,
Ils couleront sur toi
Quand tu prendras ta douche,
Ils passeront par ta bouche,
Coloniseront tes babouches,
Même si ton fusil
A beaucoup de cartouches,
Ces infectes insectes
Dans ton sommeil injectent
Leur venin qui affecte
Toutes tes fonctions vitales,
Une seule piqûre
Te mène à l'hôpital!
Ils n'ont pas peur de mourir,
Même si tu vois leurs corps pourrir,
Ils renaissent de leurs cendres
Et cherchent à se nourrir!
Petit, tu peux courir,
Ils te rattraperont!
Jusqu'au dernier,
Ils nous traqueront!
Ils boufferont le gâteau
Des humains gâteux,
Occuperont les châteaux
Des primates vaniteux!
Ils danseront sur nos crânes,
Souilleront nos monuments,
Absolument,
Les p'tits seront les seuls survivants!
Quand les ondes des satellites
Résonneront dans le vide,
Ils seront les derniers
A se remplir le bide...
Ca grouille!
|
||||
4. |
La mouche
04:08
|
|||
Emmurée dans la merde, la mouche est amère,
Maudit ce monde acerbe, s'demande à quoi ça sert,
Les humains la lacèrent et sans cesse elle macère
Dans un gros tas de boue, dans un infâme trou,
Comment subsister? Les humains crament tout
Et à leurs yeux ses soeurs n'ont pas un charme fou...
La vie de mouche est mouche : tu chies, tu bouffes, t'es mort,
Te nourris des couches de gosses, c'est pourri, c'est louche, c'est gore.
La mouche se cache, elle a la frousse, la crasse,
La croûte, le froid, ça la broute, je crois
Qu'elle aimerait retrouver les bonnes bouses d'autrefois,
Aujourd'hui, ces cons d'hommes te chient n'importe quoi,
Les condoms, les tampons qu'elle consomme sont chimiques,
Les vieilles tranches de jambon sont devenues rachitique,
Elle pense au temps mythique du paléolithique
Où les mouches étaient grosses, je te jure, c'est historique!
Refrain :
La mouche est triste, résiste à la barbarie
Des poubelles de Paris, c'est pas le paradis.
La mouche est triste et pleure,
Se mouche dans les tripes et meurt.
La mouche prie le dieu Bouse à genoux sur un vieux bout
De roquefort au curieux goût qui lui fait les yeux doux,
C'est son péché mignon, elle en bouffe en cachette
Dans les poubelles des hommes car chez les mouches, rien n's'achète,
On prend ce qu'on trouve, et si la porte s'ouvre,
On entre en espérant que personne ne nous découvre,
On fouille les décombres, on s'faufile dans les tombes,
C'est pas d'première fraîcheur, la bouffe des catacombes,
Faut voir sur quoi tu tombes, pire que le pire des fastfoods,
A côté, la malbouffe te fait l'effet d'un quatre étoiles!
La mouche rêve de belles tables mais son moral s'étiole,
Elle qui voulait s'élever n'est qu'une immonde bestiole,
Elle aimerait savourer un bon Chateaubriand
Mais doit se contenter de vieux gâteaux luisant
De gras périmé, voilà la vérité
Et franchement, elle ne l'a pas mérité...
Refrain
La mouche est née mouche, elle crèvera mouche,
Se lèvera mouche et se couchera mouche
Sans espoir de sortir de sa condition,
Avec ses condisciples dans le même horizon :
Vieilles tranches de chorizo, squelettes de haricots,
Elle rêve des banquets de Laurence Parisot...
Les égouts parisiens seront sa sépulture,
En attendant, elle songe à un meilleur futur
Où les mouches seront libres, où il fera bon vivre,
Quand les humains géants ne seront plus que poussière,
Quand ils auront mangé leur merde nourricière,
Les mouches se serviront à même la soupière!
Elles voleront gaiement de cadavre en carcasse,
Elle s'y voit déjà, ce s'ra beau, ce s'ra classe!
La mouche sanglote sous la lune et s'endort
En priant le dieu Bouse pour qu'un jour elle s'en sorte...
Refrain
|
||||
5. |
Brûle
02:50
|
|
||
Je ricane, verse le jerricane, efficace,
Mes fils cassent grâce au feu qui chauffe
Mon corps bizarre, un corbillard passe
Avec ma vie défunte et mes anciennes craintes.
Bas les masques, finies les frusques et les frasques
Qui me frustrent et qui font que je craque,
Tête en vrac, tout éclate, je claque pour renaître,
Pour voir à travers de nouvelles fenêtres.
Je hurle et je brûle ma vie, ce brouillon,
Cet infâme bouillon, existence de couillon
Asservi, au cerveau modelé par les doigts potelés
De monstres corpulents copulant avec l'opulence.
L'ambulance est en panne, la mort en campagne
Gagne du terrain chez tous les terriens,
T'es rien qu'une particule, ta rage s'articule
De plus en plus, tu vomis ton matricule.
Refrain (X2) :
Tu brûles
Boutiques et véhicules,
Pour te soigner, pas d'pillule.
Brûle
Les immondes tentacules
De tous ceux qui fabulent.
La douleur est anesthésiée grâce à ce grand brasier
Devant lequel tu te surprends à t'extasier.
Brûle les dossiers, ça y est, plus de casier,
Brûle la cellule où ils voulaient te caser,
Te casser, te brider, brisé en cent mille morceaux,
Brûle, qu'ils ressentent le dernier sursaut
Du vieux monde à l'agonie et de ses calomnies,
Les flammes fabriquent une furieuse symphonie.
Ensemble, réduisons en cendres
Tous ces centres, ces chantres de l'enfermement :
Hôpitaux psychiatriques, capitaux excentriques,
Rétention, détention, attention, la tension
Est à son comble, le vieux monde succombe
Avec ses colons déguisés en colombes.
Rien ne tempère la tempête qui t'entête,
Même les ruines ont pris la poudre d'escampette.
Refrain (X2)
Maintenant, tes oripeaux et ta vieille peau d'avant
Ne sont plus que du vent, regarde droit devant,
T'as brûlé le divan, t'as brûlé les savants,
Les couvents, les coussins et la soie des braves gens,
T'as brûlé l'argent, les agents outrageants,
Dirigeants, possédants, requins aux longues dents,
T'as brûlé les sourires exagérément blancs,
T'as brûlé lentement ceux qui faisaient semblant,
Qui mentaient en bandant, tout en prêtant serment,
Qui se croyaient charmants mais qui crient en cramant
Dans les lueurs sauvages d'une terre en friche,
D'une terre sans triche, sans tranches de chair
Qu'on enferme dans de grosses boîtes en fer,
T'as brûlé le paradis mais t'as aussi brûlé l'enfer.
Le sol calciné mange les corps assassinés
Des chefs exterminés, ça y est, c'est terminé.
Refrain (X2)
|
||||
6. |
Repos
02:08
|
|
||
7. |
Enfance 3015
05:28
|
|
||
Sortant d'un utérus bien trop étroit pour moi,
Je sais que je suis là mais je ne sais pas pourquoi,
J'entends des bruits étranges, des gens qui s'excitent,
J'aurais préféré ne pas franchir la porte "exit"...
J'existe. J'exige qu'on ne me tripote pas ainsi,
Quelqu'un peut-il me dire pourquoi je suis ici?
Evidemment, non, vous ne comprenez rien au son
Que fait ma pauvre bouche de misérable nourrisson...
Bordel de merde, putain, c'est qui, ces gens?
J'suis minuscule et ces connards sont si grands!
Qu'est-ce que j'peux faire à part brailler d'un air vénère?
Qu'est-ce que j'peux faire à part passer mes nerfs
En gueulant comme un taré, complètement désemparé,
En gueulant sans arrêt, eux, ça les fait marrer!
Je ne suis rien d'autre qu'une chose rose et attendrissante,
Une bestiole rampante aux mimiques marrantes,
Je vois se profiler tous les contours du monde,
L'horizon de ma vie, les nouveautés abondent,
J'apprends tous les jours et j'ai comme le sentiment
Qu'y'en a encore pour un paquet de temps...
J'trouve des trucs par terre, je les porte à ma langue,
Les saveurs se mélangent, ces odeurs sont étranges,
Sortant de la bouche des adultes, une odeur d'alcool,
De cigarette, de gomme à mâcher mentholée,
De chou, de chips et de café au lait,
Après, tout s'accélère : maison, crèche et puis école.
Là-bas, ils nous font jouer toute la journée
Devant des écrans sans qu'on ait le droit de tourner
La tête pour regarder vers le dehors,
D'façon, y'a pas d'fenêtre, c'est pas génial comme décor...
Du coup, ils recréent tout ce qu'on ne voit pas
Et en guise de récré, on attend devant des écrans plats.
Là-bas, on apprend à être des enfants,
A dire "s'il te plaît papa" ou bien "merci maman",
C'est bizarre parce qu'on voit jamais nos parents
Sauf le week-end, un peu, de temps en temps,
Ils ont trop de travail, ils ne peuvent pas se permettre
De nous prendre en charge, c'est le travail des maîtres
Electroniques au visage robotique
Qui nous guident chaque jour avec leur discours hypnotique...
On apprend à sourire et à bien se nourrir,
A accepter de voir notre liberté mourir,
A se laisser dompter doucement mais sûrement
Par des employées payées pour être nos mamans...
J'ai du mal à comprendre tout ce que je peux entendre,
Je crois bien que ce monde ne cessera pas de me surprendre...
Souvent, j'ai envie de courir dans les paysages
Qu'on voit sur les écrans, de rentrer dans les images
Mais chaque fois, je me heurte à un mur de plasma
Et l'image se brouille et déforme ce que je vois,
Tout apparaît froid et dénué de réalité,
J'ai tant de pensées étranges et compliquées,
Ma cervelle est parfois sur le point de disjoncter,
Surtout quand on m'ordonne de m'appliquer
A des travaux dont je ne saisis pas le sens,
Multiplications, divisions, soustractions, additions...
Tout ça n'est pour moi que souffrance,
Comme cet écran qui m'éloigne de l'action...
Les années défilent et je demeure immobile,
J'atteins ma dixième année, je n'ai jamais vu la ville,
Elle est, paraît-il, trop dangereuse, trop hostile,
Quant à la campagne, il paraît qu'elle est trop fragile
Pour qu'on puisse la fouler de nos pieds trop chimiques,
On dit qu'elle est peuplée d'animaux rachitiques,
Anciennes bêtes d'élevage redevenues sauvages
Car désormais personne n'entretient plus leurs grillages...
Tout ce que je sais du monde, je l'ai vu sur l'écran,
Je dois encore patienter jusqu'à l'âge de douze ans,
A ce moment, les maîtres me jugeront assez mature
Pour pouvoir me laisser quelques instants dans la nature...
Enfin, ce qu'il en reste car j'ai appris en cours d'Histoire
Que ce que nos aïeux prenaient pour une victoire
Sur leur environnement a causé tant de pertes
Que même les mains les plus expertes de nos ancêtres
N'ont pu freiner ce qu'on appelle le Cataclysme,
Qui a tout de suite engendré guerres et fanatisme.
Nos maîtres nous racontent que pendant cette période tragique,
Les hommes politiques ont perdu tout crédit
Et que pendant cent ans la vie fut anarchique,
Très loin de notre "nouvelle société démocratique"...
Je ne comprends pas tous ces mots, je me contente de les retenir
Pour les recracher ensuite, c'est ce qui leur fait plaisir,
Ainsi, ils me laissent tranquille voyager sur mon fauteuil,
Je clique sur le monde, je regarde les feuilles,
Les arbres, les montagnes filmés par satellite,
Grâce à son oeil de lynx, je vois tout ce que le monde abrite
De bêtes inconnues et de silhouettes qui s'agitent
De temps en temps au coeur des zones interdites,
De vieux sites toxiques construits pendant l'ancien régime,
Une époque lointaine que sans cesse j'imagine...
La laideur industrielle de cette ancienne existence
Me fascine, me séduit, me donne envie d'en savoir plus,
Je découvre des indices par intermittence,
Evitant que les maîtres remarquent mes astuces...
Car je me rends bien compte qu'ils ne me disent pas tout,
J'ai remarqué malgré moi que certains mots sont tabous
Alors je m'efforce de rester sage et bien gentil,
Quand je commets une faute devant eux, je me repentis,
Mimant tellement bien la ferveur que souvent ils oublient,
C'est eux qui me l'ont appris : tu dois connaître ton ennemi.
|
||||
8. |
Nanotech Beat
04:32
|
|||
Mon circuit de synapses est inapte, minable,
Interminable vie de boîte de conserve,
Les concerts, les bons plats qu'on m'sert
Ne m'font aucun effet, sur mon berceau les fées
Etaient toutes d'horrifiques scientifiques,
Je suis un prototype de la recherche robotique,
Un pas de plus vers l'immortalité,
Rêve mythique ancré dans les mentalités.
Robot humanisé, humain mécanisé,
Je ne suis pas complètement insensibilisé,
Ni chaud ni froid mais plutôt tiède,
Le cul entre l'artifice et le naturel,
Je vis comme ça, il n'y a pas de remède,
Chair et métal mêlés qui font que je m'emmêle
Entre analyse et émotion, il n'y a pas de potion
Pour tuer ou pour ressusciter la passion.
Refrain :
Humanité béate tendue vers le ciel,
Onanisme perpétuel d'un monde sans veille
Voué aux fantasmes les plus délurés,
Pourtant, tous nos sens seront bientôt épurés...
Grâce au progrès, même les machines procréent,
Se tâtent, s'emboîtent et se chauffent à mille degrés,
Parfois, l'amour dépasse même les clivages,
Parfois, on dragouille de l'autre côté du rivage :
Mon père était fanatique, féru d'informatique,
Devant ma mère, le choc automatique.
Cette ordinateuse aux formes aguicheuses
Avait été programmée pour tomber ramoureuse
De papa son créateur, Frankenstein après l'heure,
Seuls les circuits lui procuraient du bonheur.
Je suis le fruit pourri de ces amours numériques,
Ma maman m'a nourri d'un lait plutôt toxique,
Ce qui fait qu'aujourd'hui, j'ai de nombreux court-circuits,
Je ne souris même pas quand les oiseaux font "cui cui",
Quand j'ai trop chaud, c'est mon cerveau qui cuit,
Mes yeux infrarouges n'ont jamais vu la nuit...
Refrain :
Humanité béate tendue vers le ciel,
Onanisme perpétuel d'un monde sans veille
Voué aux fantasmes les plus alambiqués,
Nous ne cherchons même plus à nous lier...
Dansons sur le beat des nanotechnologies,
Du technico-capital, faisons l'apologie!
Un cerveau humain dans un corps de métal,
Nos nerfs trop fragiles ne nous feront plus mal!
Robot des bois vole les organes des pauvres
Pour les revendre aux riches, bientôt immortels,
Leurs corps perfectionnés sommeillent dans un coffre,
Attendant le réveil pour une vie plus belle...
Refrain :
Humanité béate tendue vers le ciel,
Onanisme perpétuel d'un monde sans veille
Voué aux fantasmes les plus délurés,
Pourtant, tous nos sens seront bientôt épurés...
Humanité béate tendue vers le ciel,
Onanisme perpétuel d'un monde sans veille
Voué aux fantasmes les plus alambiqués,
Nous ne cherchons même plus à nous lier...
|
||||
9. |
L'irradié
05:54
|
|
||
Je vis dehors, loin des bulles protectrices,
Ma gueule est recouverte d'énormes cicatrices
Dues aux caprices d'une nature incomprise
Piétinée, quasi-ratatinée
Par les anciens qui se sont obstinés
A vouloir la redessiner, quitte à la décimer...
Je vois des silhouettes grassouillettes qui se meuvent
Dans ces miroirs aux alouettes, qu'il vente, qu'il pleuve
De l'acide sulfurique leur importe peu
Car les intempéries rebondissent sur eux.
Moi, je vois tout, je sens tout, j'entends tout,
Tantôt le bruit du vent, tantôt mes quintes de toux
Qui me rappellent que je n'ai plus droit de séjour
Dans ces énormes bulles qui m'entourent.
Je suis sauvage, comme on dit,
Je n'ai pas accès à ces villes arrondies
Où tout est propre comme les fesses rebondies
D'un bébé qu'on aurait trop bien nourri.
Je mange des cadavres d'animaux un peu pourris
Et les quelques végétaux qui percent encore
La surface décharnée, le sol presque mort
De cette planète sur laquelle on s'est acharné.
Je ne crois pas vous avoir dit que j'étais irradié,
Vous deviez vous en douter, j'imagine,
Je suis né dans une grosse machine :
Une énorme couveuse à bébé.
Mon père était une goutte de sperme radioactif
Et ma mère un simple ovule artificiel
Et moi, je vous le dis à titre informatif,
J'étais destiné à vider les poubelles.
J'étais homme-ordure, c'était ma caste officiel.
C'est classe, non? Aujourd'hui je ne suis plus rien
Et c'est tant mieux, ça vaut mieux que pas grand chose,
Au moins, je suis libre, maître de mon destin
Mais toujours esclave de la prochaine dose
De médocs qui calmera ma douleur,
Les radiations rongent tout mon intérieur,
Sur mes pauvres poumons, la poussière se pose.
Avant, quand je vivais en ville,
C'était sain, c'était soft, c'était si soyeux
Que toute révolte nous paraissait inutile,
Que même triste, on se sentait joyeux,
Endormis par la musique des centres commerciaux,
Elevés aux écrans dès le berceau...
Loin des bulles, c'est la vie qui déboule,
C'est là que je déballe mes tripes, que l'temps s'écoule
Au rythme de ce qui reste de saisons,
Et ici, au moins, on voit bien l'horizon...
De toute façon, je n'ai pas vraiment d'autre choix,
Les irradiés sont les barbares d'autrefois,
Interdits en ville, suppression d'état civil,
Pas d'âme selon l'église, réputés indociles,
Les irradiés sont radiés du statut d'humanité,
Les irradiés sont châtiés pour l'éternité.
En général, ici, on ne vit pas très vieux,
Du coup, on ne prend pas la vit trop au sérieux,
J'ai vingt ans, encore une dizaine à respirer
Et ma date de péremption aura expiré.
En attendant, je visite le monde et j'apprends
Chaque jour un peu plus sur l'époque d'antan,
J'observe les vestiges, ça me donne le vertige,
Ils sont comme autrefois mais dépourvus de prestige,
Guère plus civilisés que des totems d'adoration,
Ils ont juste déifié l'argent et la nation.
A l'extérieur des bulles, la thune n'existe pas,
Le troc est revenu, on échange n'importe quoi,
Sur le sol brillent toutes les choses d'autrefois,
Il n'y a qu'à se baisser, rien qu'à tendre les bras.
On trouve de tout ici, on se demande souvent
A quoi servaient ces trucs dans le monde d'avant :
Des carcasses métalliques qui émergent du sable,
Des fils, des câbles, des liquides irrespirables,
De l'acier, de l'argent, tout un tas de métaux,
Des immenses restes de stations de métro,
Dehors, c'est l'apocalypse mais y'a une chouette ambiance rétro,
Seule consolation de ceux qui restent sur le carreau.
Enfermés sans barreaux, on joue nos vies au tarot,
Le garrot se resserre autour de nos gorges irritées,
Abîmés par l'air impur comme nos esprits immoraux,
La morale est un luxe dont nous n'avons pas hérité.
J'ai des tonnes de bouquins dans mon vieux sac à dos,
Pendant mes heures de répit, je décrypte leurs mots,
En les associant au réel, je comprends pas mal de choses :
Camps de concentration, génocide, kolkhozes
Sont des mots de l'ancien temps mais conviennent parfaitement
A ce que mes congénères et moi vivons concrètement.
Je suis assis, immobile, sur une vieille automobile
Avec du papier jauni et un vieux stylo bille,
Je décris ce que je vois à quelques lieues de la ville,
de ce gros globe qui brille dans la nature hostile.
Mon ancien monde était semblable à celui-là,
A des milliers de lieues mais ils sont tous pareils,
En tout cas, je suis sûr que je n'y retournerai pas,
Même s'ils sont meurtriers, j'aime les rayons du soleil.
|
||||
10. |
Le dernier des hommes
03:46
|
|||
Tout s'est passé si vite, comme un feu d'artifice,
Magnifique sacrifice, ça aurait plu aux fous du Christ,
Il y avait tant de cris, de douleurs, de bruits,
De couleurs, de vie, mais c'était symphonique,
Une peinture chaotique aux teintes diaboliques,
Sans être hyperbolique, ce fut une réussite,
Le décor, la musique, le sang sur les tuniques,
Une pièce ultime, unique malgré l'odeur putride.
Ce fut mon dernier émoi, maintenant loin derrière moi,
À présent, je traîne mes vieilles guêtres et je crois
Que j'aurais préféré disparaître et je ploie
Sous le poids de l'ennui, je vis autrefois.
Il n'y a plus de présent, plus grand chose de plaisant,
Rien que des spectres errants qui jamais ne plaisantent.
Ma mémoire? Un cauchemar,
Dans le tunnel du vide, j'entends l'écho qui se marre car...
Refrain :
Je suis le dernier des hommes
A régner sur ce désordre,
Ici, seule ma voix résonne
Mais pour l'entendre, il n'y a plus personne...
Plus rien ne m'effraie mais est-ce que tout ça est vrai?
Est-ce que c'est fait exprès? Est-ce que c'est orchestré?
Ces fantômes qui me causent parlent une langue inconnue,
Sont-ils au service de cet être absolu
Qu'on appelait Dieu? Je n'ai pas vu Jésus,
Ni Moïse ni Mohamed ni même d'ange déchu...
Je suis un peu déçu mais je sens comme un truc,
Comme un fil invisible descendant du dessus.
J'ai beau me concentrer, je n'arrive pas à remonter
Jusqu'à ma vie de jadis, ma montre s'est arrêtée,
Je n'sais plus qui j'étais ni comment je vivais,
Rien qu'une fois, j'aimerais arriver à raviver
La flamme d'une enfance naïve et
Pleine de douceur mais tout part en poussière,
Comment être tendre quand le sang coule des gouttières?
Mon identité est floue comme une vieille pellicule,
Toutes mes vérités s'écroulent, je n'ai plus de certitude car...
Refrain
Souvent, je me demande si je suis bien le dernier,
Il faut avoir du cran pour ne pas se faire saigner,
`C'est en s'entretuant que les hommes ont régné
Sur la Terre si longtemps, trop contents de baigner
Dans le sang de l'ennemi qu'on ne doit pas épargner
Pour gagner la partie, pour être médaillé.
Tuer pour grailler, c'est un besoin primaire,
J'ai du sang sur les mains mais qu'est-ce que j'peux y faire?
Et si c'était un jeu, juste une blague entre dieux?
Entre deux cataclysmes, on s'amuse comme on peut...
Je n'suis pas fataliste, peut-être que j'dramatise
Mais des fois, c'est quand même fou, tout c'qu'on fait pour eux!
L'apocalypse? Merde, laissez moi rire,
Ces enfoirés s'amusent à me laisser moisir
Mais y'a pas d'règles et j'n'ai même pas le loisir
De choisir comment tout ça va finir car...
Refrain
|
||||
11. |
Sur l'océan acide
04:10
|
|||
Sur des vagues d'acide, ils voguent lentement,
Croisant des naufragés qui désespérément
Leur demandent de l'aide en faisant des grimaces
Causées par la douleur qui leur ronge le corps,
Sur leurs petits rochers, pareils à des limaces,
Hurlant comme des fous, ils attendent l'accord
Du chanceux équipage pour monter sur le pont,
Certains n'en peuvent plus et tombent tout au fond
De l'océan mortel, qui les consume entiers,
Ces pauvres malheureux n'ont pas leur mot à dire,
L'acide est sans merci, ne fait pas de quartiers,
Si l'on regarde bien, on peut le voir sourire...
Cela fait bien longtemps qu'ils voyagent ainsi,
Depuis que l'océan a bouffé les pays
Et s'est mêlé aux expériences des humains,
A tout ce qui sortait des usines fumantes,
A ces liquides fous fabriqués par leurs soins,
L'acide se répandait jusque dans leurs fientes.
"Messeigneurs, par pitié, j'ai encore mes deux bras,
Une jambe et un pied, mon être servira
Votre noble équipage! Et je ferai la plonge
Tous les jours s'il le faut, je cirerai le pont!
Tout pour oublier cet acide qui me ronge!
Prenez-moi avec vous, promis, je serai bon!"
Le capitaine rit regarde les marins
Puis observe le vieux qui agite les mains,
Qui supplie sans faiblir pendant que l'océan
Ronge son pauvre pied, qui disparaît bientôt,
Le capitaine, froid, reste sur son séant
Et admire sa mort du haut de son bateau.
Un petit peu plus loin, un autre homme s'écrie :
"Ô toi, mon capitaine, aie pitié de ma vie
Et viens me secourir de tes mains d'homme fier!
Prends moi sur ton bateau, écoute ta pitié!
Malgré ta tête froide et ton regard de fer,
Je sens bien que ton coeur ne veut pas me châtier!"
Le capitaine bâille et regarde les mouettes
Dévorer goulument les yeux de cette bête
Qui ose recourir aux viles flatteries
Pour espérer survivre, il n'est même pas drôle,
Le chef en a plus qu'assez de ces pitreries,
Il continue sa route en haussant les épaules...
Et puis soudainement, une vague géante
Aspire le bateau de sa gueule béante,
Le capitaine sent l'acide qui le bouffe,
Il ne rit plus du tout, c'est mieux quand c'est les autres,
Il les entend, ces autres survivants qui pouffent
Pendant que le trépas sur notre homme se vautre.
Tout l'équipage est mort, les hommes des rochers
Le rejoindront bientôt, leurs tronches amochées
Sont tristes mais pourtant savourent leur vengeance,
L'humanité sera morte dans quelques heures...
Pour oublier la fin, sur leurs rochers ils dansent,
C'est leur dernière joie au milieu du malheur...
|
||||
12. |
Nucléaire civil
01:59
|
|
||
13. |
Pièces de collection
03:49
|
|||
Créatures biscornues, vieilles fientes toxiques,
Merdes informes aux crachats chimiques,
Vomissures de chair, déchets de mixture
Dont l'odeur n'a d'égal que la pourriture...
Si tu me dis "j'en veux", je te réponds "j'en vends",
Et pas des moindres, parole de commerçant!
J'ai des crottes vivantes qui bavent et qui fermentent,
Du coulis d'alcool, du dégueulis d'asticot!
Tout ça est vivant et radioactivisé,
C'est humanisé, ça pense et ça communique!
Cette affaire est unique, il faut en profiter!
Je vous offrirai des pièces de toute qualité!
Messieurs-dames, pressez-vous pour acheter mes mutants,
Authentiques spécimens de l'espèce humaine,
Venez vous offrir les derniers restes vivants
De cette planète lointaine qui a fait son temps!
Refrain (X2) :
Je vends des humains mutants
Disgracieux et dégoûtants!
Pour faire peur à vos enfants,
Il n'y a rien de plus tentant, t'entends?
Regardez moi donc cette pièce de collection :
Un homme-voiture, une magnifique occasion!
Quand il parle, il crache du pétrole,
S'il vient à mourir, mettez le dans du formol!
Je suis formel, ça n'est pas paranormal,
Ces bestioles viennent du fin fond des étoiles,
Cette enfant-Playstation est frais comme les rosée,
j'en ai encore plein à vous proposer!
Des hommes, des femmes qui pleurent de l'acide...
Faites attention, parfois, ils se suicident,
Trop honteux, hantés par leur état,
Mais si vous veillez au grain, écoutez moi bien,
Vous pourrez dompter ces beaux mutants humains!
Ces irradiés sont radieux, ça n'vous intéresse pas?
Réfléchissez, vous n'regretterez pas votre achat!
Refrain (X2)
Ils sont beaux, mes mutants humains
Pour effrayer vos amis pendant l'apéritif,
Tenus en laisse, ils se tiennent bien
Mais attention, ils sont radioactifs!
En cadeau, je vous offre une combinaison!
Profitez-en, ils sont en promotion,
Je suis même allé les rechercher moi-même,
Ces vestiges de la civilisation humaine!
Paraît qu'à l'époque ils étaient des milliards,
C'est c'que dit la légende, vous la connaissez?
Allez, madame, avant qu'il ne soit trop tard,
Choisissez, mon stock est presque épuisé!
Si vous désirez une petite livraison,
Pas de problème, c'est offert par la maison!
Vous pourriez donner une secondes chance
A cette espèce proche de la démence...
Refrain (X2)
|
Mouche Lille, France
Le projet « Mouche » est né d'une envie de mettre en mots et en musique les errements de la société post-industrielle ainsi que les bouleversements récents de la vie humaine à travers les profondes mutations technologiques et philosophiques du monde moderne. ... more
Streaming and Download help
If you like Mouche, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp